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Questions fréquentes


Comment trouvez-vous le temps de faire tout ça ? Faire tourner la maisonnée, gérer votre activité salariée, préparer vos cours, proposer des activités pédagogiques à vos enfants, faire des photos et publier tout cela en détail sur Internet ?

Je ne fais pas TOUT ça. Je ne fais QUE ça. Nuance. 😉

Je crois qu'on a tous des passions, non ? Je suis toujours sidérée par mes copains ou copines qui cousent ou tricotent toute la garde-robe familiale, pratiquent une demi-douzaine de sports différents avec assiduité, maîtrisent sur le bout des doigts l'histoire des femmes sous la Révolution, celle de la sculpture du XIIe siècle ou du roman noir à travers les âges...

Moi, ma passion, c'est la pédagogie. C'est une véritable obsession, au sens où j'y pense même quand je fais autre chose. Mon autre passion, c'est l'écriture, mais le problème, c'est que pour écrire, il faut avoir un sujet. Avant d'être maman, je n'en avais aucun, et écrire pour écrire... Ça tournait un peu à vide ! 😄

Tenir ce blog me permet de concilier mes deux passions en une seule et même activité. Cela m'initie aussi à d'autres domaines : la photographie, l'entomologie, l'anglais, le code HTML... Sans parler des magnifiques rencontres qui en découlent (virtuelles, oui, et alors ?). Une passion véritable n'est jamais close sur elle-même mais s'ouvre sur le monde et s'en nourrit. De quoi faire, effectivement, et de quoi me rassasier. Pas de soirée télé (quelle télé ?), pas de vacances à rallonge (moi, mes vacances, j'aime surtout les passer chez moi), pas de relations toxiques (prendre un café avec une bonne copine, oui, mais avec ma voisine d'en face sous prétexte que c'est ma voisine, non). J'ai besoin de ma dose de pédagogie/écriture quotidienne, c'est une priorité non-négociable.

Et quand on a une passion, on trouve toujours du temps pour elle, quitte à la faire passer avant tout le reste !! Les démarches administratives de tout poils ne SONT PAS une passion, si vous voyez ce que je veux dire, et les paperasses ont la fâcheuse habitude de s'entasser sur sous mon bureau. Il en est de même de mon courrier personnel, hélas, trois fois hélas...  

Pour le reste, les tâches domestiques sont partagées entre mon homme et moi. Sans que nous n'ayons jamais passé d'accords, le travail domestique s'équilibre entre nous assez naturellement. Le ménage et le rangement sont réalisés par l'un ou par l'autre, au grès de nos envies, du temps passé à la maison (j'en fais donc peut-être un peu plus, car mon mari a de grosses journées) et en fonction de nos besoins à chacun. Si c'est toujours moi qui fais la cuisine, c'est toujours lui qui fait les courses. Il gère le jardin d'agrément, et moi le potager. Il s'occupe aussi de gérer le budget et l'administratif. Je n'ai pas encore réussi à lui refourguer ce qui me concerne en propre (santé, etc.), mais il prend en charge 80% des paperasses liées à la famille. Ouf. 😊


Pourquoi ne pratiquez-vous pas l'instruction en famille ?

Pour le dire très sincèrement, je ne serais pas étonnée que l'instruction en famille fasse irruption dans notre vie... un jour, et pour un temps.

Si cela arrive, cela viendra des enfants. La première condition est qu'ils en ait le désir. Pour le moment, Antonin et Louiselle savent très bien que l'école n'est pas obligatoire et qu'on peut "faire l'école à la maison". Mais ça ne les branche pas du tout, et ils préfèrent aller à l'école. Ils sont très fiers d'aller à l'école, et de m'expliquer ce qui s'y passe. Ils idolâtrent leurs enseignantes et connaissent le prénom de chacun des enfants de l'école (pourtant assez importante, 120 enfants environ en maternelle). Ils ont le sentiment de faire partie d'une communauté, et je suis vraiment ravie de cela, moi qui déménageais tous les ans dans mon enfance et n'avais pas l'occasion de développer des amitiés. Je remarque aussi que mes enfants savent pertinemment qui ils sont au sein de la vie collective, et je les admire beaucoup pour cela.

Seulement, une scolarité, c'est long. Il y aura l'école élémentaire, le collège, le lycée... Durant les années qui les attendent, bien des choses peuvent se passer : maladies, ennui, détresse sociale, difficultés d'apprentissage, voyage à l'étranger... Se réserver la possibilité de faire l'école à la maison est réconfortant pour envisager l'avenir. Nous avons cette solution possible en réserve - parmi d'autres - pour faire face aux aléas de la vie. 

J'ajoute que bien qu'elle soit très à la mode, l'instruction en famille ne me fait pas rêver, personnellement, plus que cela. Peut-être parce que je ne fantasme pas du tout le métier d'enseignant - hé, C'EST mon métier. Peut-être parce que j'ai une trouille bleue des inspections ; elles sont déjà très difficiles à vivre pour moi dans un cadre scolaire, je crois que j'aurais beaucoup de mal à accepter que l'inspecteur vienne farfouiller chez moi et ausculter le degré de savoir de mes enfants. J'admire beaucoup les familles en IEF parce que je sais que c'est très difficile - en particulier sur le plan émotionnel. Personnellement, l'idée de partager la responsabilité de l'éducation de mes enfants avec d'autres personnes me sied tout à fait, j'aime l'idée qu'il ne me doivent pas TOUT. 😊

Bien sûr, l'horizon de ce discours c'est : cela se passe bien pour mes enfants à l'école. Je ne laisserai pas faire que cela se passe mal ! Si c'était le cas un jour, nous en reparlerions, comptez sur moi !! 😄


N'avez-vous pas peur que vos enfants s'ennuient plus tard à l'école ?

Non, j'essaie de ne pas avoir peur de l'avenir, qui, par essence, n'existe pas. Avoir peur que mes enfants s'ennuient un jour à l'école, c'est un peu comme avoir peur d'un fantôme ou d'un dragon à mille têtes.

Le fait important ici, c'est : mes enfants ne s'ennuient pas à l'école. Au présent de l'indicatif.

Certes nous apprenons beaucoup de choses à la maison. Tous les enfants apprennent beaucoup de choses à la maison, c'est dans leur famille qu'ils construisent leurs savoirs les plus structurants. Bien sûr, ils n'apprennent pas les mêmes choses ni de la même façon selon qu'on les gave de télévision ou de littérature jeunesse, mais c'est quand même chez eux qu'ils apprennent le plus. Si cela n'était pas le cas, l'égalité des chances serait rétablie sans problème par l'école de la République et mon  métier serait facile ! 😄

Les savoirs élaborés à la maison ne sont pas construit sur le même mode qu'à l'école. Les canaux utilisés ne sont pas les mêmes. En réalité, les savoirs ne sont souvent même pas de même nature ! J'entends dans la question ci-dessus que les lecteurs s'inquiètent de la répétition : est-ce une bonne chose que de donner à voir quelque chose à la maison qui sera ensuite repris à l'école ? La répétition ne risque-t-elle pas de lasser l'enfant, qui a déjà tout compris ? Penser ainsi, c'est ignorer la manière dont on apprend. Ce n'est pas un hasard si une notion scolaire est généralement au programme trois fois : en maternelle, en élémentaire et au collège, ou : en élémentaire, au collège et au lycée. Pour apprendre quelque chose, il faut l'avoir oublié plusieurs fois. Et l'avoir exploré si possible en utilisant différents langages : on peut apprendre quelque chose avec les mains, mais aussi avec le cœur, le corps, et pas seulement la tête. Cette diversité dans les approches n'est pas toujours permise par le travail en classe dans les conditions actuelles, hélas.

A l'école, l'enfant ne jouira jamais de l'étayage personnalisé d'un adulte. L'enseignant a une trentaine d'élèves à gérer et malgré ce que la plupart des parents pensent, il n'est pas magicien ! Un adulte seul ne peut se découper en trente. Il ne le peut pas. Tout comme il ne peut pas préparer trente cours différents, personnalisés - ses nuits n'y suffiraient pas, et d'ailleurs comment, matériellement, mettre en place trente situations parallèles différentes au cours de la journée ? Et surtout : jamais aucun enseignant ne saura exactement où en est votre enfant, là maintenant tout de suite. A force d'être obligé d'évaluer et d'analyser la moindre production, il perd son recul, et ignore généralement ce qui le fait vibrer (sont-ce les engins de chantier, les sorcières ou les dinosaures ?) et ce qu'il est en train de vivre dans sa vie personnelle à ce moment-là.

Moi seule sait où en est chacun de mes enfants là tout de suite. Parce que je suis leur mère. Je leur propose des situations sur-mesure parce que je sais que je ne peux absolument pas compter sur les enseignants pour le faire. Et une fois de plus, je suis bien placée pour le savoir... 😉