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jeudi 21 avril 2016

Ce midi, c'est bar à fruits


Je réalise que je ne vous ai même pas montré la petite marchande bricolée maison que nous avons offert aux enfants à Noël dernier... 

Pour ma décharge :
1) La période de Noël ne fut pas très propice à la rédaction d'articles, 
2) Je n'ai lasuré ce petit meuble que tout récemment, en profitant des beaux jours de vacances au jardin. Le voilà présentable ! 😉


Celles et ceux qui me suivent sur Facebook se souviendront peut-être de mon projet - nous décidâmes ici de suivre peu ou prou le tutoriel de My french childminder.


Dès janvier, j'ai néanmoins été confrontée à un problème de place - éternel problème...

Le ratio entre le temps de jeu et l'encombrement de l'objet n'était pas bon.


Ce qui ne signifie pas que les enfants ne jouent pas avec leur marchande ! Non ! Ils l'aiment au contraire beaucoup - mais je vous préviens, c'est plus drôle quand on est au moins trois. Et il y a des jours "avec" et des jours "sans".

Mais la "petite" marchande, elle, occupe un mètre carré au sol (au bas mot), même les jours "sans"... 

Et un mètre carré, dans une chambre d'enfant, même de taille respectable, c'est autant de place pris au vide - essentiel pour déambuler, danser, sauter, déplacer des trucs, bref : vivre.

Le contenu de la caisse 😄

Après avoir un peu tâtonné, j'ai trouvé : notre marchande sera réservée aux jeux à l'extérieur. Elle se range dans la cabane à outil, et nous la sortons certains jours de beau temps - c'est une rotation comme une autre.

"Mmm... Que choisir ?"

Aujourd'hui, le petit déjeuner, toujours copieux, a été pris tard. Nous nous sommes donc autorisé un repas de midi essentiellement composé de fruits, de jus de fruits - et de deux biscuits archi-sains et délicieux achetés pour l'occasion au magasin bio.


Voilà notre petite marchande convertie en bar à fruits... Et les enfants "achètent" leur déjeuner... pendant plus de deux heures... 😄


Et une chose est sûre : c'est beaucoup plus rigolo quand la situation est authentique ! 😊

mercredi 20 avril 2016

Le palais idéal de Ferdinand Cheval

 

C'était bien un palais, effectivement.


Partout la main de ce facteur, obstiné et taiseux comme les paysans du temps jadis, et qui, soudain, se mit à construire un rêve d'Orient avec les moyens du bord.


Il y avait un lion caprin qui surgissait du mur, et qui semblait à la fois enfantin et terrible, avec ses yeux vivants et ses griffes de nacre.


En réalité, c'était un tout un bestiaire pétrifié : pélican, aigle et cerf, ours placide, caïman surnaturel et pieuvre tentaculaire...


On ne sait d'ailleurs pas trop s'il s'agit d'une vraie pieuvre, ou si ce sont juste ses tentacules,qui se promènent toutes seules.
 

La promenade continue : voici quelques écritures – messages plus ou moins codés, comme le reste.
 

Les animaux et les personnages sont légendés d'une main malhabile, comme autant de graffitis.


Les sentences pompeuses recèlent des sagesses secrètes.


Nous découvrons que les murs sont des livres amalgamés et méconnaissables, des livres gris aux reliures de chaux et de ciment, des livres enchaînés à leurs étagères, des livres serrés, fondus les uns dans les autres en de grotesques bourrelets un peu ivres, qui ne savent plus où donner de la tête.


Les enfants dévalent les escaliers de ce palais inhabitable, et l'imagination s'emballe.


Tout ce que nous avons toujours souhaité est là, entre ces murs magiques : des défenses de sangliers et des griffes de tigre du Bengale, une table des quatre saisons vaste comme un autel, six peaux de couleuvres vivantes, des nids de guêpes sauvages, des prismes de verre, une ruche grandeur nature, des hérissons en feutrine douce, un petit merluchon qui pleure à petits cris, des bonnes fées dans tous les coins, des cocons de chenilles momifiés classés par catégories, des feuilles de toutes les essences, des armes antiques qui n'ont pas été encore inventées, des bâtons à racines, des tiroirs à malice, des fumées d'encens, des mandragores, des bouquets de plumes de paon, un astrolabe, des bottes de pluie, quelques super-héros, des sacs-à-main, des tire-bouchons, des fourmilières, de l'encre de toute les couleurs, des ciseaux géants, une médaille d'or, le portrait d'Harry Potter, quelques ordinateurs, un nid de souris martiennes, le crâne de Gandhi, des vitraux de toutes tailles, des liqueurs veloutées, des porcelaine de Chine, la dernière édition de l'Encyclopédie universelle, des dizaines de boites de peinture, les globes de tous les mondes connus et inconnus, des milliards de fossiles, un chaudron de sorcière, et la plus longue phrase de ce blog. 😉


Et bien que nous ayons sans doute rêvé cette dernière partie, nous sommes tous tombés d'accord : le palais du facteur ferait un atelier idéal…


Tellement Reggio, n'est-il pas ? 😉

lundi 18 avril 2016

Lire les déterminants

 

Il y a quelques mois, je fournissais à Antonin une enveloppe de "mots outils", vous souvenez-vous ?

Seulement, voilà : si le Damoiseau aime toujours beaucoup ces étiquettes, il n'apprend pas les mots en les "photographiant" visuellement ; il a un rapport très analytique aux choses. Pour l'anecdote, les fameux exercices de "pré-lecture" proposés à l'école, typiques de la maternelle, dans lesquels on demande à l'enfant de reconnaitre un mot dans une série, l'ont longtemps mis en échec... Un jour, je lui ai glissé que face à ce type d'exercice, s'il n'arrivait pas à "reconnaitre", il pouvait LIRE, tout simplement ! 😄 Depuis, il les exécute les doigts dans le nez ! 😄

Bref, j'ai ressenti dernièrement son besoin de faire un petit point sur certains mots archi-courants, les déterminants : le "un" était parfois confondu avec le "une". De plus, je voulais m'appuyer sur le fait qu'Antonin sache reconnaitre le "les" sans hésitation pour ancrer du même coup tous les déterminants ayant la même structure orthographo-phonique (oui, j'invente des mots, et alors ? 😄) : des, ses, mes, tes.

Au boulot ! Voilà donc la petite séquence qu'il a réalisé hier :

1. Tri d'objets selon le genre et le nombre


On part du concret : Antonin trie quelques objets récoltés dans la maison sous les étiquettes correspondantes. Ce genre d'exercice se passe de consigne, et il adore ! C'est l'occasion de lire, sans en avoir l'air, ces fameux "un", "une" et "des" en situation. et de vérifier que l'enfant connait la nature des mots - de plus, pour "jumelles" et "ciseaux", le pluriel s'impose.


L'exercice ne pose aucun problème au Damoiseau, comme je m'y attendais. Il ne s'agit pas de mettre l'enfant en difficulté, mais de lui permettre de manipuler ce qu'il connait déjà afin d'approfondir et de construire des liens entre ses savoirs.

2. Pêche aux mots


Voilà un exercice que j'adore et qui permet de mettre le jeune lecteur dans une situation authentique : après avoir étudié un son ou un mot, on recherche ses occurrences dans un album. Ici, nous nous apercevons vite que le "des" a de nombreux cousins : "les", "mes", "ses"...

3. Exercices d'application : entourer...


On termine par quelques "exercices" rapidement improvisés sur l'ardoise magique : ici Antonin doit entourer tous les "un", par exemple.

... ou lire.


Ou bien : voici une série de mots à lire. Je m'appuie sur le connu ("les" et "des" sont maitrisés) pour aller vers le moins familier ("ses", "tes", "mes"). Je donne toujours des exemples à l'oral ("Ses : comme ses chaussures à lui, les chaussures de Papa.") : c'est essentiel pour que l'enfant lie l'orthographe du mot à sa signification - en fait, à sa nature grammaticale, même si nous ne faisons pas encore d'analyse logique modélisée.

Un autre jeu de lecture consiste à lire très vite un mot que j'écris (en me cachant théâtralement) sur l'ardoise : un, une, des, son, mes, le... Succès garanti ! 😊

Antonin a voulu clôturer la séance par la lecture de quelques lignes dans son livre de lecture. Ce n'était pas prémédité, mais c'est idéal pour ancrer tout cela dans un contexte de phrases.

Le tout prend à peu près 15 minutes. Il est plus long d'écrire le présent article que de monter et exécuter cette modeste (mais efficace !) activité ! 😄

Je profite de ce petit article du matin pour souhaiter une bonne journée à tout les travailleurs, petits et grands, qui ont fait leur rentrée aujourd'hui... et aussi à tous les veinards qui sont encore en vacances !

Bon lundi à tous ! 😊

dimanche 17 avril 2016

Semaine symphonie : 15/16

Introduction (cadenza)

La maison n'a pas désempli de toute la semaine - j'adore recevoir ou voyager la première semaine des vacances et me "poser" la seconde, j'ai l'impression que les vacances durent plus longtemps ainsi !

Voici la symphonie de notre semaine - en sept parties à l'instar des sept jours de la semaine, n'en déplaise à l'école viennoise... 😉

1er mouvement : le palais idéal du facteur Cheval (sentito)


Si vous passez dans la Drôme, ne ratez pas ce chef d’œuvre de l'architecture naïve, curieusement assez méconnu malgré son influence directe sur des "grands" tels que Friedensreich Hundertwasser ou Niki de Saint Phalle... Monument d'obstination, témoignant dans chacun de ses plis pierreux de l'humilité mêlée d'orgueil de l'artiste du terroir, ce palais est un rêve à ciel ouvert...

Et une fois de plus, je suis impressionnée par la concentration et l'intérêt de mes enfants face à l'Art. Après avoir tout exploré au pas de course, tout observé avec minutie, tout décrit avec enthousiasme, tout questionné, tout écouté lors de la visite au musée, ils témoignent dans leurs remarques de leur compréhension profonde de l’œuvre. Ainsi, Antonin, alors que nous quittons les lieux :

"Moi aussi, maintenant, j'ai envie de rêver à tout ça !"
😊

2e mouvement : Tourte printanière (delicato)


Dans la catégorie des recettes "épate belle-mère" 😉, voici une simple tourte aux fruits rouges : la croûte du dessus est remplacée par des motifs printaniers découpés à l'emporte-pièce... par les enfants bien sûr ! Le petit effet est garanti auprès des convives, et c'est une jolie activité de vie pratique pour les petits...

3e mouvement : Le nez au sol (et les doigts sales) (ad libitum)

Louiselle en ville...

Quand Louiselle ne s'occupe pas de ses animaux en peluche, elle se passionne pour les petites bêtes de la Nature. Les insectes la fascinent littéralement - et parmi eux, les gendarmes, peut-être parce que les petits pyrrhocores, très abondants par ici, se laissent attraper assez mollement. Malgré les soins pressants qu'elle leur prodigue (et, il faut bien l'admettre, sans doute bien souvent à cause d'eux...), les bestioles ont une certaine tendance à passer de vie à trépas. Qu'à cela ne tienne, la Damoiselle promène tendrement leurs petits cadavres, en les brandissant sous le nez des passants :

"Tu as vu mon gendarme mort ??"
:-/

... et Louiselle à la campagne.

4e mouvement : Escapade lyonnaise (a due)


Cette semaine, mon homme et moi avons profité de pouvoir faire garder les enfants pour nous offrir une escapade en amoureux - pas loin, pas longtemps, mais suffisamment pour être dépaysés. Je suis si peu habituée à vivre quelques minutes sans enfant que la moindre coupure a un effet littéralement grisant. Mais cela ne dure guère, et après m'avoir distraite quelques heures, la vacuité de la grande ville m’oppresse. Son message omniprésent et hypocrite ("Amusez-vous, ne vous souciez de rien, tout est sous contrôle !") parvient à m'angoisser assez vite... et je suis bien contente de retrouver ma campagne.

Et mes enfants. 😉

5e mouvement : Eckolo, de Remember (coloratura)


Dénichés au LaM de Villeneuve d'Ascq (Lillois, ne ratez pas l'expo Modigliani !!), voici deux jeux d'art qui ont été offerts aux enfants par notre famille nordiste.

Le premier, offert officiellement à Antonin, lui a rappelé ses Triominos chéris. Le jeu peut se jouer en équipe de manière similaire, mais nous le préférons comme exercice de patience : penchés sur les pièces, nous essayons de construire la plus grande mosaïque possible en suivant l'inspiration du moment...

Un gros coup de cœur !


6e mouvement : Formes, chez Mango Jeunesse (con espressione)

En manteau dans la maison, et alors ? 😉

Le deuxième cadeau, destiné plus spécifiquement à Louiselle mais qui plait également beaucoup à son frère, est signé Virginia Arraga de Malherbe et se veut une invitation à créer en 3D. J'aime décidément beaucoup cette  manière de faire de la géométrie concrète en liant art et mathématiques. Les pièces sont hélas un peu fragiles et je ne sais combien de temps les vaisseaux spatiaux alambiqués qu'elles permettent orneront notre salon... En attendant, c'est un vrai succès - et un sans faute pour Tante Isabelle, merci à elle ! 😊

7e mouvement : Dessins (a piacere)


Un soleil souriant, des fleurs posées au même niveau, dotées d'un cœur circulaire, de pétales réguliers et de feuilles en quinconce ? Une herbe drue en bas, et une pluie, non moins drue, en haut de la feuille ? Un arc-en-ciel digne de Grimms - et doté des "bonnes" couleurs, s'il-vous plait ?

Pas de doute. Le Damoiseau, pourtant amoureux farouche de représentations abstraites, entre dans le schématisme. M'en voilà toute chose.

Quant aux travaux de la Damoiselle, ils sont à couper le souffle, en ce moment !

Le travail sérieux et serré de graphie ("pré-écriture") se mêle à un vrai souci de symétrie et d'occupation de l'espace. Ajoutez à cela que les dessins de Louiselle racontent toujours une histoire et qu'elle a toujours beaucoup à en dire ("pré-symbolisme") : ici par exemple, il est question d'une tempête sur tablette, qui déborde de l'écran à un certain moment. Et de deux soleils qui sont amoureux l'un de l'autre. Oh, my. Je suis fan. 😊



Bonne semaine chez vous ! 😊

vendredi 8 avril 2016

Au jardin, il y a...

Dans notre jardin, il y a...

Jardin des simples

- Des tas de plantes à choyer.


Fleur de consoude rose
(romarin et oseille au premier plan, thym et persil à l'arrière)

Bien évidemment, le potager et les différents parterres sont des lieux d'apprentissage extraordinaires - et authentiques ! Reconnaitre les mauvaises herbes, arroser un plant sans l'abîmer, "nourrir" le compost et assister au cycle des matières organiques, semer et apprendre à respecter les jeunes pousses - et plus tard constater la croissance, la floraison, la fructification, la germination... sans parler du plaisir de la récolte ! J'ai le souvenir de quelques centaines de petits pois et de tomates cerises qui, l'année dernière, ne trouvèrent jamais le chemin de la cuisine... Louiselle guettait avidement les signes de maturité - qu'elle connaissait très bien - et hop ! Au premier signe : dans la bouche ! Et si c'était encore un peu vert, tant pis !! 😄

Raifort officinal : les feuilles au goût caractéristique se dégustent en salade

Plus largement, je ressens pour moi, de manière très profonde lorsque je jardine, la relation de dépendance de l'homme au monde végétal. Et dans le climat "fin de siècle" qui est le nôtre, je suis persuadée d'une chose : savoir faire pousser des légumes sera bien plus profitable à mes enfants que n'importe quelle connaissance académique. Vous souvenez-vous de mon dilemme d'il y a trois ans et demi ? J'ai dû choisir entre l'école de mes rêves pour mes enfants et le fait de les élever dans un jardin. J'ai choisi le jardin, et je n'ai jamais douté de mon choix. La vie est là ! 😊

- Des souches.



Lorsqu'il vit des élagueurs couper des arbres sur son lieu de travail, mon homme leur demanda la permission d'emporter quelques morceaux de troncs. Ces trois gros tronçons de bois ont déjà passé plusieurs saisons avec nous, et ils configurent à eux seuls un terrain de jeux extraordinaire - et "open-ended" (ouvert aux possibles) ! 😉 Les enfants aiment sauter de l'un à l'autre, les soulever pour observer les petites bêtes qui vivent dessous, les faire rouler... Ces souches deviennent château fort, circuits de petites voitures, pistes pour les shows des doudous, ou, plus fréquemment, un ensemble table et chaises pour jouer à la dinette. 😉

- Un épouvantail.



Cette année, je tenais absolument à inaugurer la saison par la confection d'un épouvantail ! Cela m'a tellement plu que je crois que je recommencerai chaque année. Ici, j'ai attaché en croix deux tiges de bambous, et j'ai fixé sur cette structure un "coussin" de paillis. Le visage est façonné dans une chute de tissu matelassé. Des branches de romarin et de lavande figurent les cheveux et donnent un peu de volume (et de parfum !) à l'ensemble. Reste à habiller notre nouvel ami d'un gilet que Louiselle portait il y a un an encore...

La Damoiselle, pourtant complètement hermétique à tout ce qui peut ressembler à une poupée, s'est immédiatement prise d'affection pour ce gardien du potager. Elle vient souvent lui parler et ne le quitte pas sans lui avoir fait un gros câlin. C'est pratique, ils ont la même taille ! 😉


- Un tipi végétal.



Le concernant, il vous faudra, il est vrai, un peu d'imagination... Car pour l'instant, notre tipi est tout nu ! C'est d'ailleurs le propre d'un jardin début avril : tout est promesse, le travail est souterrain, et le terrain apparemment vierge n'est beau que dans l’œil du jardinier qui tente d'aider la Nature à se déployer...

Voilà l'histoire : nous avons au beau milieu du jardin une jolie vigne, dont la base forme un demi-cercle assez étrange. Il devenait donc difficile de la tuteurer, quand j'eus l'idée d'exploiter sa silhouette naturelle pour l'appuyer sur quelques tiges de bambous plantés en cône... Depuis le temps que ce type de tipi vert me faisait de l’œil, je voyais soudain ma tâche facilitée !

Je fais confiance à notre vigne : comme toutes les grimpantes de son espèce, elle est d'une nature plutôt attachante. Elle s'appropriera cette structure et fournira aux lutins du jardin une cabane de feuilles dont je vous reparlerai !! 😉


Et lorsque je regarde aujourd'hui notre petit terrain (470 mètres carrés, c'est peu, mais c'est tant de travail et de possibles !), je me dis que le jardin est LE lieu qui lie le travail (arroser, désherber, récolter, observer...) et le jeu (faire semblant, se cacher, détourner, collecter...) et les tisse étroitement, ensemble, dans l'étoffe de la vie.

Mais il s'agit bien sûr d'une histoire à écrire - et à suivre ! 😉

Je suis officiellement en vacances ce soir, ouf ! Et pour fêter ça, je m'offre une dizaine de jours de pause bloguesque... See you ! 😊

jeudi 7 avril 2016

Menus du jour


Mercredi, le ciel était tout gris. Notre coteau disparaissait sous de grandes nappes de brouillard - j'aime bien la manière dont la brume, en montagne, s'effiloche en longue écharpe autour des sommets, et dévale les flancs des collines en gros rouleaux moelleux...

Alors, en rentrant, on a eu envie de petits plats réconfortants. Et c'était si simple et si bon que je me suis dit que je partagerais bien avec vous les menus sans prétention de notre mercredi tout gris...


Déjeuner :


Le menu :

Galettes céréaliennes aux carottes
Pomme de terre et navets au bouillon

Les ingrédients :
Pour les galettes :
- 150g de flocons de céréales (cf. note)
- 1 œuf
- 1 carotte
- Lait (végétal ou animal)
- Curry, sel
- Huile d'olive
Pour les pommes de terre :
- 250g de pommes de terre (nouvelles, si possible)
- 100g de navets (nouveaux si possible)
- Beurre
- Bouillon cube bio sans glutamate
- Sel aux herbes

Note : concernant le choix des flocons, l'idéal est de privilégier les petits flocons (avoine, millet) qui cuisent en un clin d’œil. Pour ma part, j'aime bien faire moitié-moitié pour diversifier les apports : ici, j'ai utilisé 75g de flocons d'avoine et 75g de flocons d'épeautre. Lesquels sont assez gros, mais très friables : il suffit de les émietter rapidement sous les doigts avant de les intégrer dans cette recette.

La préparation : 

Battre un œuf avec un fond de lait dans une petite terrine. Ajouter 150g de flocons de céréales (cf. note), mélanger, puis ajouter du lait animal ou végétal à hauteur. Les flocons doivent être juste recouverts.

Laisser reposer 1/2 heure. Pendant ce temps-là, préparer les légumes : éplucher et râper la carotte, la réserver. Éplucher 250g de pommes de terre et 100g de navets et couper en bouchées.

Dans une marmite en fonte, faire revenir les pommes de terre et les navets dans un peu de beurre. Lorsque les légumes commencent à dorer, ajouter de l'eau à hauteur, ainsi que le bouillon cube émietté. Laisser mijoter jusqu'à ce que la légumes soient tendres (vérifier la cuisson avec la pointe d'un couteau). Surveiller le bouillon : en fin de cuisson, il doit rester du liquide, qui sera servi avec les légumes.

Ajouter la carotte râpée aux flocons de céréales, mélanger. Parfumer au curry, saler, puis faire cuire à la poêle dans de l'huile d'olive bien chaude : façonner de petites boulettes à l'aide d'une cuillère à soupe, et écraser légèrement pour obtenir une galette. Faire dorer des deux côtés.

Goûter les pommes de terre et les saler avec du sel aux herbes si nécessaire, et servir les légumes surmontés d'une ou deux galettes.


Diner :


Le menu :
Sandwich "le plus simple du monde"

Les ingrédients :
- Pain de mie bio
- Tartinade au choix :  pâte végétal, houmous ou fromage
- Salade verte au choix : jeunes feuilles de laitue, mâche ou pousses d'épinards
- Levure de bière en paillette


La préparation (pour un sandwich, réalisable par les enfants !) :

Faire griller deux tranches de pain. Tartiner l'une d'elle de fromage, pâté végétal ou houmous.

Recouvrir de salade verte grossièrement hachée au couteau par un adulte. Saupoudrer de levure de bière, refermer et couper en diagonale. Déguster encore chaud !

Bon appétit ! 😊

lundi 4 avril 2016

La table du temps qui passe

"J'ai confectionné une dizaine d'albums photo.
Ils sont l'épicentre de ma nostalgie, un écrin fragile au cœur de ma mémoire.
Souvent, lorsque je les ouvre, je me dis que j'aimerais savoir écrire cela,
ce temps révolu dont l'image est le témoin à la fois si précis et si impuissant."
Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie, 2015.


Les blogueurs parmi vous le savent : les raisons qui nous poussent à tenir nos "carnets de bord" sont diverses. Certaines sont "nobles" (le désir de partager, de faire partie d'une communauté de pensée), d'autres, plus personnelles (assouvir un désir d'écrire...). Et il y a, aussi, des raisons plus secrètes, plus confuses, de celles dont on rougirait presque...


La mémoire fait défaut. C'est dans son essence.

Depuis que je suis Maman, j'ai le sentiment de vivre dans un monde éphémère, où tout passe vite - quand je voudrais tout retenir.


Les yeux d'Antonin, fendus jusqu'aux tempes et dilatés encore par les allergies de printemps.
Louiselle au réveil et ses mèches fines aux reflets de châtaigne 
qui n'osent boucler sur la joue et s'ébouriffent drôlement. 
L'odeur de chlore dans les cheveux de mon garçon quand il revient de ses séances piscine. 
La langue malmenée ("Prend-le pas !" - "Tu peux me le tiendre ?") et les questions existentielles
La concentration de ma fille penchée sur son géoboard
Les doudous que mes enfants trimballent de pièce en pièce dans de petites corbeilles, 
et auxquels ils prêtent des voix si fragiles - afin de pouvoir les rassurer ensuite.

 
Les exigences vestimentaires fantaisistes 
- dont témoigne cet article...-, 
les questions 
("Maman, tu préfères te faire manger par un monstre ou par un fantôme ? 
Et si une ambulance a un accident avec un camion de pompier, c'est lequel qui se casse ?"),
les explications 
("Moi, je sais pourquoi on attend toujours longtemps avant un spectacle :
C'est parce que les artistes décident ce qu'ils vont faire pendant le numéro."),
tout, tout ce qui ne se réduira jamais à une photo ou à un article
la silhouette d'Antonin penché sur son coloriage, dans une concentration paisible, 
à 7 heures du matin, et la table qui se couvre peu à peu de matériel de dessin, 
les chansons entonnées en famille dans la salle de bain 
("Coucou, hibou, Coucou !!", 
"C'est le rock'n'roll des gallinacées, YEAAAHHH !"), 
et les parties palpitantes de "Robocar poli" 
dont je ne comprendrais jamais, jamais, à quel point elles les font grandir...


Quel est le jour exact où notre forsythia  a fleuri cette année ? Me souviendrai-je de ce geste d'Antonin qui couche une branche odorante sur son bras et la berce comme un bébé ? Et de celui de Louiselle, précautionneux et attentif, qui la place dans un vase de fortune... Et de notre discussion au sujet de l'équilibre de la tige, le débat quant à savoir quelles parties couper pour que notre bouquet tienne debout ?

La lutte est vaine, je le sais. La mémoire fait défaut.


Notre table des saisons a repris sa vocation de "table de la nature" ... Je vous avais dit qu'elle changerai vite. Tout change si vite. Jour après jour, les enfants déplacent, remplacent, et la voilà à nouveau recouverte de pommes de pin, de cailloux et de coquillages. La Nature est le temple du temps qui passe.


Je sais bien que j'oublierai, tout comme j'ai oublié le parfum que vous aviez avant votre premier bain, le tangage de vos premiers pas et le timbre de vos premiers mots. Je ne peux pas tout retenir, mais à défaut, je vous regarde. Et j'écris. 😊